1/7 : Raccroche !
- Si ton père apprend qu’il se sert dans son armoire, ça va faire du joli.
Rhalala Claude ! Il cherche vraiment les ennuis !
- Gérard ! T’en as encore pour longtemps ?
Si tu pouvais donner le biberon à Eva, ça m’arrangerait
- Si tu crois que j’ai le choix…
Allo maman ? Je t’entends très mal ! Je crois que je vais devoir raccrocher.
Rappelle-toi ce que je t’ai dit : Ne passe pas tout ton temps au lit ou à la plage.
T’es en vacances que diable, pas au fond de ton jardin ! Profite !
Y a sûrement un tas de choses à faire : visite, parle avec les gens du pays,
apprends des coutumes locales…
- Si tu te figures que c’est facile ! Sont pas comme nous ces gens-là.
Rien que pour se saluer, tiens ! Tu crois qu’ils se feraient coucou comme tout le monde ?
Naaan, c’est toute une gymnastique !
- Raccroche, Gérard !
Si tu l’écoutes, t’en as pour jusqu’à demain.
- Nan-mais attends ! Je t’ai pas raconté la meilleure !
Figure-toi que j’étais allée aux toilettes de l’hôtel…
-[…]
- Si, j’ai des toilettes dans ma chambre, mais si je veux rencontrer du monde…
C’est pas toi qui disais que fallait que je sorte de ma chambre ?
-[…]
- Oui-ben, c’est un endroit comme un autre !
- Alors, tu devineras jamais…
-[…]
- Oui-oui, j’abrège !
Alors, devine qui je rencontre ?! Armand Pichon !
Je l’avais pas reconnu dis-donc ! C’est un vrai croûton maintenant.
Mais lui il m’avait bien repérée, tu penses. J’ai pas tellement changé.
- Armand Pichon, voyons ! Le collègue de travail de ton père !
-[…]
- Bah-oui, t’étais peut-être trop jeune… Fin bref !
Seriez pas Angèle, la femme de ce pauvre Blaise ? Qui me fait, le croûton.
- Heu… vous me connaissez ? Je lui demande.
Faites partie du club des Petzouilles ? Désolée, votre visage me dit rien.
Mais alors, rien du tout alors ! Pourtant, chuis assez physionomiste d’habitude.
- C’est d’là qui me sort : Armand ! Armand Pichon !
Je travaillais avec Blaise au laboratoire de recherche, vous rappelez pas ?
- Possible ! Que je lui fais. Et puis ça m’est revenu dis-donc !
Armand Pichon ! -Je l’avais surnommé le coucou.
-[…]
- Nan, j’ai bien dit le coucou !
Passait sa vie chez les autres.
Pas une semaine que ton père me le ramenait pas à la maison.
- Il me fait comme ça :
« Je vous ai reconnue quand je vous ai aperçue dans la salle à manger ».
Ca, j’avais bien remarqué qu’il arrêtait pas de tourner autour de ma table
comme une mouche autour d’une bouse. Mais je faisais celle qui le voyait pas.
T’aurais pensé comme moi que c’était un compliment, hein Gérard ?
- Alors je lui réponds, -modeste, comme tu me connais :
Moui… j’ai pas tellement changé, à ce qu’on dit. M’enfin, j’ai plus 20 ans.
- Et lui… tu devineras jamais, Gérard !
-[…]
-Oui-oui, j’abrège !
Lui, il ajoute : « Ca, pouvez le dire ! Toujours égale à vous-même »
Je voyais pas trop ce qu’il entendait par là.
Alors, tu me connais Gérard, j’ai pris un air gêné et j’ai attendu la suite.
« Me suis toujours demandé comment Blaise pouvait vous supporter.
Fallait bien que quelqu’un vous le dise : vous lui avez POURRI la vie ! »
Et il m’a tourné le dos. Tu te rends compte, Gérard !
Un type qui venait manger à la maison tous les quatre matins !
Un type que ton père considérait comme son ami !
Ah, je me féliciterai jamais assez de l’avoir fichu à la porte dans le temps.
J’avais averti ton pauvre père : Je veux plus voir ce bon à rien à la maison !
-Tu sais comme était ton pauvre père, voyait pas le mal-.
Ben tu vois, Gérard, je l’ai toujours dit :Y en a qui vieillissent mal.
Ils tournent vinaigre, comme la piquette.
- Merci, Gérard ! Tu m’as bien aidée !
Tu viendras pas te plaindre si on mange encore des restes !
- Bon maman, faut vraiment que je raccroche !
Je dois donner un coup de main à Edith. Tu me raconteras la suite plus tard.
- Te donne pas la peine, le travail est fait !
Eva allait pas attendre la fin de ta conversation interminable pour téter !
Les biberons c’est toutes les trois heures, Gérard ! Pas quand t’es prêt !
- Désolé Edith, elle en finissait pas de raconter. Je pouvais pas lui raccrocher au nez !
- Mais bien sûr ! Cherche-toi des excuses !
Quand c’est moi qui décroche, ça dure pas des heures ! Suffit d’être ferme !
Dès que les enfants seront rentrés, on mange ! Devraient plus tarder d’ailleurs...
- Hé, Lola ! Trois jours de travail et je suis au sommet de ma carrière.
Ca t’en bouche un coin, hein ?!
- Rho, ça va le petit génie ! Pas la peine de la ramener !
- Dis-donc, Claude. Tu m’avais dit que tu me raconterais pour ce matin.
- Quoi ?? Ah-ouais, les parents…. rien… des conneries !
- Super ! Chuis bien avancée ! C’était quel genre de conneries ?
- Boarf, il lui reproche d’être immature, parce qu’elle reste à la maison.
- Beuh… ça n’a rien à voir !
- Chais bien. Mais il a pas tout à fait tort.
- Tu veux dire qu’elle devrait travailler ? Maintenant avec les jumelles…
- T’as rien compris ! C’est pour l’immaturité que je suis de son avis.
Tu veux savoir ce que je pense ? C’est lui, qui l’infantilise !
Mais elle, elle se laisse manipuler comme une gamine. Ca m’énerve !
- Ouais, mais comme mère, elle assure quand même !
- On est d’accord !
- Mouais… ben moi, je vais l’aider !
- L’aider ? Tu vas t’occuper des jumelles ?
- Naaan, ça c’est LEUR problème ! Je dirais… lui apprendre à se montrer.
A pas se laisser monter sur les pieds.C’est pas parce qu’elle a pas fait d’études…
elle est pas plus conne que lui. Il a pas à la commander !
- C’est clair ! T’es prête à affronter le tyran ? Hé-ben, bon courage, ma vieille !