G/8 : Le complot de la mort qui tue
-Un plan ? T’en as de bonnes toi ! Quel plan tu veux qu’on trouves ?
Tu connais pas papa ? Le seul plan que je vois se pointer,
c’est qu’on va se retrouver chez sa mère avant d’avoir eu le temps dire Ouf.
- Ah bien sûr ! Si vous jouez perdantes… Mais faut vous battre, bon sang !
Essayez de gagner du temps. Chais pas moi…. trouvez quelque chose :
que les petites sont malades, qu’elles braillent toute la nuit…
ça devrait la refroidir, la mémé.
- MALADES !! Tu veux leur porter malheur ?
Elles sont en pleine forme, heureusement. On les entend même pas les pauvres trésors !
D’ailleurs… c’est bizarre. Je vais voir à ça, attendez !
- Bon, ok ! Si vous le prenez comme ça… démerdez-vous ! Moi ce que j’en disais,
c’est pour vous, hein ! Parce que moi, dès que j’ai un peu de thunes…
- Dès que t’as un peu de thunes, tu fais quoi ? Tu quittes le navire comme un rat, c’est ça ?
Ben excuse-moi, mais à 53 $ la journée que tu seras payé, d’ici que t’aies de quoi t’offrir
ne serait ce qu’une minuscule petite tente dans un camping, t’as le temps d’être cent fois majeur.
- Alors, mon petit père je serais toi, j’arrêterais de me la jouer grand donneur de leçons au-dessus de la mêlée et je continuerais à me forer le ciboulot pour essayer de nous tirer de là.
C’est bien toi le petit génie de la famille, nan ?
- Tu veux que j’y fasse ? J’y peux rien si vous voulez pas de mes idées.
- J’ai jamais dit ça, moi ! T’as de bonnes idées, je trouve. Les bébés qui braillent la nuit,
c’est pas trop mal pour un début. Mais faudrait voir à corser le truc.
Chuis sûre qu’en te forçant un peu, tu pourrais nous trouver autre chose.
- C’est bien ce que je disais : sages comme des images !
C’était même à se demander si elles étaient encore vivantes.
J’ai pas pu m’empêcher de vérifier.
- Encore en train de comploter ? Feriez mieux d’aller vous coucher.
Y a école demain, vous-vous rappelez ?
- On complote pas, m’man. On discute !
- Moui… tu m’expliqueras la différence !
- Quand je l’entends, je m’écouterais, je te jure…
à coup de pieds dans le cul, je te l’enverrais chez mémé !
Des fois, c’est à se demander si elle attend pas que ça !
- Meuh-nan, t’es vache, elle a la trouille. Encore plus que nous, tu peux être sûr.
Seulement, tu la connais… les décisions c’est pas son fort.
Toujours à ménager la chèvre et le chou…
Un de ces quatre, c’est elle qui va se faire bouffer et elle aura rien vu venir.
- Tiens au fait, Claude. Avant d’aller au pieu, j’aurais un truc à te donner.
- C’est quoi ?
- Un tee-shirt que je t’avais acheté, seulement…
ça me faisait chier de te l’offrir parce que t’étais pas très sympa.
- Si ça te fait chier, t’as qu’à le garder. D’abord, tes goûts, je m’en méfie.
- Ah-mais nan, prends-le, c’est de bon cœur. J’attendais juste l’occasion.
Il m’a coûté un max, je te signale.
- Si t’y tiens… allez aboule ! Je te garantis pas que je le porterai,
mais pour une fois que tu m’offres quèk chose.
- Si te plait pas, t’auras qu’à me le rendre, je sais déjà à qui je l’offrirai.
- Ah-ha ! C’est un cadeau boomerang ! Ben n’y compte pas trop quand même.
Moi aussi, j’ai mes bonnes œuvres.
- Lola ! Heu… qu’est ce tu fais ? T’allais te coucher ?
- Ouais pourquoi ?
- C’est ton cadeau… y m’a fait penser à quèk chose.
- Que t’avais oublié de dire « merci » ?
- Nan ! Enfin… oui, merci.
- Dis-donc, t’as pas vu la tête de papa, hier soir,
quand t’as rappliqué avec tes nouvelles fringues ?
- Nan, j’ai pas remarqué. Il a fait une drôle de tête ?
- Pas qu’un peu ! Si maman avait pas eu la bonne idée d’accoucher,
t’aurais senti passer le savon !
- Alors, ça m’a donné une idée.
Tu sais pourquoi il faisait la gueule, au moins ?
- Puisque je t’ai dit que j’ai pas remarqué !
- Ca t’empêche pas d’imaginer ! Rha les filles, ce que ça peut être cruches !
A cause de mémé, bien sûr ! Il entendait déjà les reproches :
Gérard, je te reconnais plus, mon petit Gérard. Tu laisses ta fille se promener comme ça ? T’as pas honte ? Pour quoi tu veux la faire passer ?
- Oh, faut pas charrier ! Elle a rien de choquant ma tenue !
Y en a plein des filles habillées comme ça au bahut.
- Peut-être, mais mémé, elle y est pas, au bahut !
Et pour mémé, si tu laisses voir un bout de cuisse, tu viendras pas crier au viol.
Tu l’auras bien cherché, ma vieille !
- Alors, c’est quoi, ton idée géniale ? Je vois pas trop, là.
- Attends ! Je vais lui en donner des cauchemars, à la mémé, moi !
Je vais me relooker genre à piquer les sacs à mains des petites vieilles.
Genre qu’elle va passer sa vie à recompter ses petites cuillères.
- C’est ça ton plan d’enfer ? La faire trembler pour son magot ?
T’oublies qu’une chose, mon petit Claude : c’est que faudrait déjà qu’on ait emménagé chez elle.
Autrement, ton look de cauchemar, il servira qu’à te faire peur quand tu te verras dans le miroir.
- T’as mieux à proposer, peut-être ?
- Nan, j’ai pas mieux ! Et puis c’soir, chuis crevée. Tu dors jamais, toi ?
Alors, t’es gentil, tu me laisses faire dodo et on reparle de tout ça demain.
T’auras sûrement trouvé autre chose, je te fais confiance.
Et puis… la nuit porte conseil, à ce qu’on dit.